Pr. Khalifa Chater

 

En dépit des jeux d’acteurs, des démonstrations médiatiques, la transition tunisienne semble bloquée.

Le parti Nahdha semble avoir perdu son influence. Il fut l’objet de multiples démissions et scissions. Les déclarations de son chef traduisent plutôt un laisser faire, sans conviction. Ultime intervention, son opposition au Président de la République. ‘‘L’opposition démocratique’’ du parti islamique n’est pas convaincante. Les Tunisiens se rappellent, lors de sa direction de la troïka, sa gestion autoritaire du pays, avec comme objectif, la restauration du califat. D’autre part, certains de ses membres, sont traduits devant la justice : Un mandat d'amener a été émis contre deux personnes se trouvant à l'extérieur du sol tunisien, dans l'affaire d'organisation d'une bande pour changer la forme du régime, inciter les gens à s’armer les uns contre les autres et provoquer le désordre. Le ministère public avait autorisé, fin octobre dernier, de placer en garde à vue quatre personnes pour suspicion de distribuer de l'argent pour provoquer le désordre à Kasserine. Parmi les suspects se trouvant à l'étranger et concernés par le mandat d'arrêt, le fils du président du parti Nahdha. D’autre part, ce   parti, étant soupçonné, d’avoir facilité le départ de milliers de jeunes Tunisiens désireux de rejoindre l’organisation État islamique en Syrie ou en Irak, son chef a comparu, le 28 février, devant un juge d’instruction du pôle antiterroriste.   

Le parti destourien reste influent, mais on lui reproche l’absence d’une vision du futur. Le rappel de la gloire bourguibienne n’a pas de grandes retombées sur ses dirigeants. La gauche tunisienne inscrit son idéologie dans un marxisme d’antan. Que faut-il penser des groupuscules pseudo démocrates, faisant valoir le libéralisme économique.

Le Président de la république et le rassemblement populaire qui le soutient, s’accommodent de l’accalmie fragile qui règne dans le pays.  Abir Moussi et le président de la république sont, en fait, des frères-ennemis, qui mènent un jeu démonstratif subtil.  Tous ses acteurs ont des ‘‘talons d’Achile’’.

Sujet d’inquiétude, la crise financière et l’endettement du pays : Le gouvernement tunisien a fait appel au FMI, qui a décidé de lui octroyer un prêt de d’une durée de 48 mois et pour un montant d’environ 1,9 milliard de dollars. Le programme, élaboré par les autorités tunisiennes et appuyé par le FMI, vise à rétablir la stabilité macroéconomique, à renforcer les filets de protection sociale et l’équité fiscale et à accélérer les réformes favorisant un environnement propice à une croissance inclusive et la création d’emplois durables. Fit-il nécessaire, pour sortir de l’impasse, ce prêt suscite des inquiétudes, car il pourrait aliéner la souveraineté tunisienne, rappelant la mise en dépendance de la régence, au XIXe siècle, suite à son endettement.  Grand acteur incontestable, l’Union Générale des Travailleurs Tunisiens remet en cause cette donne. Son secrétaire général, Noureddine Taboubi, a déclaré : ‘‘Le gouvernement manipule le peuple, la compensation a déjà été levée, les prix des carburants ont augmenté et donc ceux des denrées systématiquement’’, exigeant la diffusion et l'enregistrement des séances d’accord avec le Fonds monétaire international (discours devant le siégé de l’UGTT, le 30 novembre).

Est-ce à dire que les jeux sont faits ?  Espérons que la Tunisie sortira de cette situation, le plus tôt possible.