Une lecture littérale du texte coranique condamnerait toute innovation, toute adaptation aux exigences des temps présents. Dans ce cas, la société musulmane vivrait selon la grille de valeurs, de la société patriarcale d’antan.
Fait d’évidence, souvent occulté par les exégèses, l’Islam a mis à l’ordre du jour une dynamique de progrès, une promotion de l’homme. Au-delà de ses prescriptions formelles, il faudrait voir leurs objectifs, de mutations, d’élan démocratique. Cette donne devrait être prise en considération. Elle justifierait les initiatives du progrès, selon l’idéal musulman et sa philosophie du bien être et de la justice. C’est dans ce contexte, qu’il faudrait inscrire l’égalité de l’héritage et la légitimer.
D’ailleurs, l’abolition de l’esclavage, en 1846, en Tunisie, procède de la même vision ijtihadienne. La lettre fetwa d’Ahmed Bey, rédigée par Ahmed Ibn Abi Dhiaf, fait valoir les recommandations musulmanes, puisque la libération d’un esclave constitue, dans l’islam, l’ultime acte de charité. Ainsi justifie-t-on l’interdiction d’un «acte permis», à l’appui d’une pensée libertaire musulmane.
Il fallait tenir compte de l’esprit des lois et du contexte des recommandations. Autrement, il faudrait rétablir, au XXIe siècle, l’esclavage, la loi du talion, une des lois les plus anciennes qui consiste en la réciprocité du crime et de la peine : « Œil pour œil, dent pour dent », ou la lapidation, forme d'exécution consistant à tuer à coups de pierres, utilisée à l'époque préchrétienne. Prévue dans l’islam, comme châtiment de l'adultère pour un homme ou une femme marié ayant eu un rapport sexuel hors mariage. Elle est de fait annihilé par l’exigence du constat physique de quatre témoins ayant constaté l'adultère. Dans cette quête de retour nostalgique, aux mœurs d’antan, on rétablirait la vendetta et la justice tribale. Pour quoi pas, dans le cas d’une institution de l’obscurantisme.
Pays d’avant-garde, ayant légiféré en faveur de l’émancipation de la femme, la Tunisie se doit d’inscrire dans les faits, l’égalité absolue de tous les citoyens, instituée par la constitution.