Mars 2020
Ayant reçu l’investiture le 26 février 2020, le gouvernement dirigé par Eliyas Fakhfakh devait répondre aux attentes sociales : le redressement économique, la lutte contre la faim, le développement des régions défavorisées, la promotion de la jeunesse et la lutte contre la corruption.
Le nouveau gouvernement partage et fait valoir ces urgences. Il les a inscrites dans les priorités son document contractuel avec les partis. Mais il ne transgresse pas les faits d’annonces puisqu’il ne présente pas les mécanismes et le timing de sa mise en action. Dirigeant une alliance gouvernementale de cinq partis, le nouveau chef de gouvernement devait concilier leurs positions différentes : Position de gauche des partis Chaab et Tayar et libéralisme de Nahdha et Tahya Tounes. Comment pourrait-il identifier des compromis. Fait évident, l’absence d’un leadership, dans le pouvoir et l’opposition. Le populisme a remis en cause les leaders d’opinion. Or “c’est dans le vide de la pensée, que s’inscrit le mal” (Hannah Arendt, Le nouveau gouvernement devrait “agir dans la rupture”, selon la recommandation de l’analyste Habib Karaouli (entretien, al-Hiwar Attounsi, 21 février). Occultant cette exigence, dans le cadre d’une gouvernance traditionnelle et d’un laisser faire - continuité du gouvernement Chahed -, il ne peut sortir le pays du tunnel. Le chef du gouvernement Elias Fakhfakh a, certes, trouvé chaussure à ses pieds. Mais il dispose d’une majorité conjoncturelle et donc précaire. Il est en équilibre instable. Investi, pour éviter la dissolution du parlement, il risque d’être écarté dans le court terme, pour permettre une nouvelle répartition des charges ministérielles, entre les partis. Comment pourrait-il faire valoir et inscrire dans les faits, le slogan présidentiel “le peuple veut” ?