Pr. Khalifa Chater

 

La Tunisie subit une crise politique, sans fin prévisible. Le conflit entre le président de la république et le chef du gouvernement bloque, de fait la gouvernance du pays.  Les activités gouvernementales se limitent à la gestion des affaires courantes. Comment traiter cette « crise gelée » ? D’ailleurs le gouvernement actuel et les partis qui le soutiennent, sa « ceinture parlementaire » ne semblent pas avoir de visions d’avenir, à mettre en application, pour répondre aux attentes des citoyens. Fait évident, il y a une rupture entre la classe politique et les citoyens. Comment sortir du « goulot d’étranglement », de l’impasse qui, hélas, n’est pas conjoncturelle.

Le parlement est divisé. Nahda, Qibla Tournes et Itilef al-Karama soutient le gouvernement et la présidence du parlement. Les partis nationalistes et/ou démocratiques tentent vainement un processus de remise en cause du président du parlement et de la Nahdha. Mais ils rejoignent ce parti, qu’ils dénoncent dans l’exclusion du Destour et la prise de sanction, contre sa présidente. Consensus surprenant, ils interdisent à Abri Mossi de prendre la parole durant trois séances. Est-ce à dire, selon un observateur, que « Nahda et ces partis conjoncturellement démocrates veulent restaurer le despotisme ? » Leur défense de la révolution s’expliquerait-elle exclusivement par l’opportunité qui leur est offerte de prendre le pouvoir ? En réalité, la réussite du parti destourien, d’après les sondages, explique leur peur de la concurrence, qui empêche la poursuite du jeu politique, dans les conditions requises. Peut-on occulter, d’autre part, les attaques verbales et physiques commises au parlement que les partis démocrates semblent tolérer et dont certains d’entre eux étaient, il y a quelques mois, victimes ? Sans doute, estimaient-ils que la percée du Destour, met en échec leurs velléités de créer une force centrale, entre Nahdha et le destour !

Suite à un malentendu, l’association des journalistes a décidé de boycotter le parti destourien. De ce fait, elle s’érige en allié objectif de Nahdha. Or sa prise en compte du combat de ce parti contre la transgression de l’Etat et les velléités de théocratisation aurait dû l’inciter à relativiser ce conflit conjoncturel. Remarque préliminaire, le journaliste rend compte de la vie politique, sans état d’âme. Il énonce les faits, tout en assurant librement ses commentaires.

Pour faire face à la crise gelée et à la nécessité de débloquer l’impasse économique, l’UGTT a présenté au président de la république, dès le 29 novembre, le projet d’un dialogue national. Elle revient à la charge le 27 mars : La Tunisie, rappela son porte- parole, à l’occasion de l’affirmation prioritaire du président sur le dialogue avec la jeunesse « a besoin d’un dialogue national pour sauver le pays de la crise ». Ce dialogue devrait, d’après les analystes :

  • Traiter le grave problème de la corruption, postulat présidentiel, qui dénonce sa diffusion,
  • Créer les conditions d’une relance économique et social
  • Sauvegarder les entreprises nationales et leur assurer les conditions d’une bonne gestion.

Le traitement de la crise nécessiterait, bien entendu, l’application de la vision d’avenir, formulé par les différents acteurs. Au-dessus de la mêlée politique, mais responsable de l’intérêt publique, le président, qui représente une autorité morale est appelé à exercer son arbitrage et surtout assainir les relations entre les partis. Il devrait faire valoir la morale politique, pour mettre fin aux dérives de certains groupuscules qui attaquent leurs adversaires et tentent de transgresser l’autorité de l’Etat. Dans la situation grave que vit la Tunisie, il constitue «la planche de salut »