Pr. Khalifa Chater

 

 

Agréablement surpris par les décisions du président du 25 juillet, qui a licencié le gouvernement, bloquer le parlement et annoncé une guerre contre les corrompus, les Tunisiens vivent actuellement une conjoncture d’attente. Le pays est actuellement sans chef de gouvernement. Où trouver l’oiseau rare, susceptible de traiter la crise socio-économique ? Comment dénicher une compétence, réduite à un simple rôle d’exécutant ? Des observateurs ont évoqué l’ancien premier ministre Mohamed Ghannouchi ou Kamel Nabli, ancien gouverneur de la banque centrale. Mais se présentant comme partisan de la révolution, Kais Said évitera les compétences de l’ancien régime. D’autre part, les actuels dirigeants des partis lui paraitraient liés, d’une façon ou d’une autre, des lobbies responsables de la dégradation de la situation. Quant à la lutte contre la corruption, désormais généralisée ou presque, elle est plus facile à annoncer qu’à réaliser. L’édifice politique nécessiterait une révision de fond en comble (changement du régime parlementaire, mode électorale etc.),

Fait surprenant, le président de la république semble éviter tout contacte avec le parti destourien, qui a eu le mérite d’organiser la lutte contre l’islam politique et de dénoncer la gestion du président du parlement. Continuateur de l’action de Abir Moussi, le président prend ses distances avec sa mouvance politique. Prône-t-il une nouvelle version de l’islam politique concurrente de Nahdha, certains observateurs ont osé hâtivement formuler ce diagnostic.

La motion du G7 a voulu rappeler le président à l’ordre, réclamant le fonctionnement du parlement et le « rétablissement du régime démocratique ». Peur exagérée exprimée également par les sénateurs américains qui ont rencontré le président de la république le 4 septembre. Ils ont rencontré, le 4 septembre et appelé à un retour rapide à la voie démocratique et la fin rapide de l’état d’urgence. Le sénateur Murphy, membre de cette délégation a précisé que le seul intérêt des États-Unis est de faire progresser une démocratie et une économie saines pour les Tunisiens. Cette intervention américaine a suscité une vive polémique des partis nationalistes, tel le parti du Destour qui a refusé de la recevoir.  Quand au président, il a affirmé que ses interventions découlent de la lecture de la constitution et exprimé son attachement à la souveraineté nationale. Retour du pendule, la délégation des sénateurs à conclue ses interventions, en affirmant que   les Américains «ne favorisent aucun parti par rapport à un autre et nous qu’ils n’ont aucun intérêt à préférer un programme de réforme plutôt qu'un autre. C'est aux Tunisiens qu'il appartient de trancher ces questions ». Ils ont ainsi exprimé leur prise de distance du parti de Nahdha.

Mais la question du chois du chef du gouvernement et de la définition de la feuille de route reste posée